La terre, tel un derviche qui adore,
Danse pour l'éveil des sens chaque matin.
Un homme sort pour voir la couronne éclore.
L'aurore attend son heure tous feux éteints.
Le silence signe cette nuit fragile
Où semble loin le soleil et le temps plein.
Son esprit, aussi frais que l'air de la ville,
Se baigne dans le bain d'une aube de lait
Qui gagne le côté sombre du mobile.
Une silhouette sur un ciel de craie,
Dessine la cité qui sommeille encore
Sous la brume retenue par les sommets.
Une lueur illumine ce décor.
Les façades que ces nuits sans lune effacent
Révèlent enfin leur relief au dehors.
L'esprit se sépare de sa carapace,
En un instant se reconnecte au cosmos
Et perd toute notion du temps qui passe.
Il étend ses ailes tel un albatros,
Immense, s'élève et embrasse le ciel
Sous le regard calme et froid de Thanatos.
Cette infinie puissance potentielle,
Le néant, le début et la fin de tout,
Ce voile sur la face de l’éternelle.
La peur le saisit, celle d'être dissous.
Presque paralysé, il plonge en piqué
Vers son corps pour sentir à nouveau son pouls.
La proximité du froid l'a éveillé.
Les nécessités de son moi apparaissent
Si vaines sans l’ancienne cécité.
Le vent se lève à l'est, souffle une promesse
Dans les parfums de jasmin, les premiers trilles.
La caresse céleste de la déesse.
Au soleil, des perles de rosée scintillent.
B.E. 5.12.2021